Glacis

Publié le par Jean von Roesgen

 Je traverse le Glacis.

 (C'est une tabula rasa militaire: le devant des villes fortifiées fut rasé de toute maison, construction, arbre, plante et terre finalement pour avoir vue dégagée sur l'ennemi devant les remparts. Au Luxembourg, on avait donc enlevé la terre arable jusqu'au rocher, et sur le plateau géologique sur lequel se trouve la ville haute, à l'approche du nord de la ville, il en résultait une grande place toute plate qui en a gardé le nom. Aujourd'hui, c'est le grand parking du glacis.)

 D'un côté le cimetière Notre Dame où se trouvait autrefois la chapelle de Notre Dame Consolatrice des affligés. Elle fut rasée au plus tard au moment où le Luxembourg fut déclaré neutre, et les fortification de la ville furent démantelées. (Je viens de me documenter: elle fut détruite non pas en 1867, mais dans les années 1794-96 déjà... tiens... devinez qui s'emparait de la ville fortifiée à ce moment là...) De l'autre côté de la place, la nouvelle chapelle néo-gothique fin XIXe.

 Je me souviens bien du vicaire qui nous faisait le catéchisme et qui nous disait que l'ancienne chapelle fut beaucoup plus belle. Sur les reproductions qu'on en voit, il s'agit d'un drôle d'amalgame assez hétéroclite de petits éléments baroques. Une petite coupole, deux petites tours, des excroissances latérales qui ont dû abriter des chapelles latérales... un peu comme l'église (St Basile) en dehors du Kremlin, sur la place rouge (tiens, un autre glacis?), celle qui a je ne sais plus combien de chapelles latérales à l'entour que se faisait construire Ivan le terrible à chaque excommunication pour avoir un abri proche du culte, tout excommunié qu'il fut. (C'est peut-être une légende.)
 
 Quelque chose d'organique finalement.

glaciscapel.JPG

 La différence entre ces deux chapelles finalement, c'est que l'une d'elles a poussée au gré de la piété populaire et des besoins du culte qui se développait autour de la Consolatrice. Sans véritable cohérence, mais en s'appuyant sur ce qui existait, en développant ce qui existait, en excroissances organiques... un peu comme des bulbes qui poussent et qui se divisent autour d'un bulbe central...  Et l'autre obéit au plan d'un architecte (d'état par dessus le marché) qui l'a conçue sur son bureau et qui l'a fait construire "ex nihilo": à partir de rien.

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 Voilà la différence entre un développement organique et une création bureaucratique de la liturgie.



Publié dans liturgie

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