l'ébéniste à Belpeuch.

Publié le par Jean von Roesgen

 Qui est-ce que je vois arriver à la messe au sanctuaire de Notre Dame de Belpeuch? Monsieur l'ébéniste (voir exécution ) et son épouse. Je me dois de les mettre en garde: "Méfiez-vous, il y aura du grégorien..." Ils restent, et je les revois à la sortie: "Alors, maintenant qu'on m'a remercié à Lacapelle, et que vous avez la musique que vous voulez, vous n'y allez plus à la messe..."

 Il me dit que ma voix s'arrange, que c'est moins guttural. "Remplir" la grande nef néogothique de Lacapelle n'est pas le même travail vocal que de "remplir" la grande église de Belpeuch, qui reste toujours aux proportions d'une chapelle (néo)romane. Les critères de (formation de) la voix avancés par l'abbé vicaire générale de Lacapelle sont des critères de voix retransmise par des amplificateurs. Un homme qui a passé sa vie à faire du bon et fin travail (manuel et à la machine) d'ébéniste pourrait être plus sensible à ces distinctions techniques.

 Il me demande s'il peut être franc avec moi (c'est vrai, ce n'est pas toujours dans les habitudes du pays) pour me dire qu'il doit me reprocher de ne pas avoir accepté d'animer une fois par mois la messe de Lacapelle.

 Qu'il était uniquement question de messe sans contribution en chant grégorien lui avait tout juste échappé. A la dame qui organise maintenant le planing des chants et des musiciens, cela n'a pas échappé: Elle me téléphone à peine 3 semaines après mon "remerciement" pour savoir si j'accepterais d'"animer" une messe.
"Si je peux chanter l'offertoire et l'antienne de communion, pourquoi pas?"
- "Je crois qu'on n'avait pas décidé comme ça à la "réunion"...
 Elle a dû se remettre d'accord avec le curé. En tout cas, elle ne m'a pas rappelé.
 Dans son magasin à meuble, j'espère qu'il était plus attentif que ça aux précisions en petit caractère sur les contrats de projets d'apparence lucrative.

 A cette messe (à Belpeuch), on a chanté le Kyrie et l'Agnus Dei de la messe des anges avec une belle participation des fidèles. C'est toujours ça. Je ne comprends pas le choix des "oraisons nouvelles" du célébrant, mais c'est son affaire. S'il y trouve son bonheur et les graves raisons pastorales pour les utiliser...

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Et madame l'ébéniste qui me rassure qu'elle, elle aime le grégorien: "Moi, j'aime le grégorien."
-"Mais ce n'est pas une question d'aimer ou de ne pas aimer... c'est le chant officiel de l'Eglise."

 Nous sommes invités de nous convertir à ce chant, et, en nous convertissant à ce chant, à le convertir. C'est une mine étonnante de liberté et de diversité, de richesse et de créativité, d'envol... une vraie bouffée d'oxygène.

 Telle est la différence entre ceux qui convertissent le monde en se convertissant à l'Evangile, et ceux qui convertissent l'Evangile en se convertissant au monde. Si on se convertit à la bonne nouvelle de celui qui a crée ce monde, on transforme ce monde, mais si on transforme cette bonne nouvelle pour l'adapter au monde on divertit tout. L'Evangile se convertit à nous, se tourne vers nous, à mesure que nous nous tournons vers lui. Et à cette mesure là, le monde se tourne vers Dieu. Plus d'une fois  le Dieu de lancien testament (c'est le même) dit: Convertissez-vous à moi, et je me convertirai à vous.
 Convertissons nous au chant de l'Eglise, et nous serons étonnés à quel point ce chant se tournera vers nous.

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 Si nous n'aimons que le vert, et ni le blanc ni les violets, ce n'est pas une raison pour ne pas aller à la messe les grandes fêtes, ni en carême ou pendant l'avent... et inversement, si nous n'aimons que le blanc ou le jaune doré, ce n'est pas une raison pour aller tout juste aux grandes fêtes à l'église.

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Publié dans liturgie

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